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الأربعاء، 18 يناير 2017

Remise de peine pour Chelsea Manning : les réponses à vos questions

Damien Leloup, responsable de la rubrique Pixels du « Monde », a répondu, mercredi 18 janvier, aux questions des lecteurs du « Monde.fr » sur la remise de peine accordée par Barack Obama à Chelsea Manning.

Le président des Etats-Unis a annoncé, mardi 17 janvier, qu’il commuait la peine de Chelsea Manning. La lanceuse d’alerte, qui avait fourni des documents confidentiels de l’armée américaine à WikiLeaks, sera libre en mai. Elle avait été arrêtée en juin 2010 et condamnée en 2013 à trente-cinq ans de prison.

Verlo : Quels auront été les effets des révélations de Manning, au final ?

Chelsea Manning a fourni à WikiLeaks environ 700 000 documents de l’armée américaine, pour l’essentiel des rapports de troupes au sol en Irak et en Afghanistan. Ces documents, publiés par WikiLeaks, ont notamment permis de mieux comprendre le lourd tribut payé par les populations civiles dans les zones occupées par l’armée américaine après le 11-Septembre. Elle a aussi fait fuiter à WikiLeaks la vidéo dite « meurtre collatéral », qui montre un pilote d’hélicoptère de combat américain ouvrant le feu sur des civils dans la banlieue de Bagdad.

Raoul : Est-ce que Trump peut annuler la décision d’Obama ?

Techniquement, le nouveau président peut tenter de faire annuler cette remise de peine – Chelsea Manning ne sera libre qu’en mai. En pratique, il est juridiquement assez difficile de revenir sur une réduction de peine déjà accordée. Sur le plan politique, Donald Trump ne s’est – étonnamment – pas encore exprimé sur ce dossier. Par le passé, il avait eu des mots très durs envers Chelsea Manning et sa procédure de changement de sexe. Mais une partie des élus républicains, très remontés contre les révélations de WikiLeaks sur l’armée américaine il y a plusieurs années, ont adressé leurs remerciements à l’organisation après la publication des documents internes du Parti démocrate, durant la campagne présidentielle. Une tentative de nouvelles sanctions contre Chelsea Manning ne ferait probablement pas l’unanimité au sein du Parti républicain.
Egotistical Giraffe : Est-ce que Barack Obama, suite à sa décision concernant Manning, est susceptible de pardonner Edward Snowden ?

C’est très peu probable. La Maison Blanche a clairement expliqué qu’elle considère qu’il s’agit de deux cas très différents. Un porte-parole de Barack Obama a expliqué que « Chelsea Manning est une personne qui a été confrontée à tout le processus de justice militaire, qui a subi un procès, qui a été jugée coupable et a été condamnée pour ses crimes, et elle a reconnu avoir mal agi. M. Snowden s’est réfugié dans les bras d’un adversaire, un pays [la Russie] qui a récemment tenté de briser la confiance en notre démocratie ».

Par ailleurs, Chelsea Manning avait effectué une demande de grâce formelle, ce qui n’est pas le cas d’Edward Snowden, même si ses avocats avaient demandé à Barack Obama de « pardonner » leur client. Ce dernier a toujours dit qu’il était prêt à répondre de ses actes devant un tribunal, mais qu’il considérait que pour l’instant il ne pourrait avoir droit à un procès équitable.

Un dernier point à noter : Chelsea Manning n’a pas bénéficié d’une grâce présidentielle, qui aurait eu une toute autre portée symbolique, mais d’une réduction de peine.

Mel : En réduisant la peine de Chelsea Manning, c’est pas une façon pour Barack Obama d’admettre les erreurs commises par le gouvernement américain et finalement de ne pas cautionner ce qui a été fait ? (notamment parce qu’il réduit sa peine juste avant de partir de la Maison Blanche alors qu’il aurait pu le faire durant son second mandat). 

Il y a probablement une partie de mea culpa dans la décision de Barack Obama. Mais on est très loin d’une remise en cause de la politique menée durant ses deux mandats : en fin de semaine dernière, le président a aussi étendu les pouvoirs des agences de renseignement, en autorisant la NSA à communiquer davantage d’informations aux seize autres agences américaines. Il est donc difficile de dire que Barack Obama n’assume pas les décisions prises durant son mandat en matière de sécurité nationale, tout comme la Maison Blanche a réaffirmé ce 17 janvier qu’une grâce d’Edward Snowden n’avait pas été envisagée.

La réduction de peine accordée à Chelsea Manning semble avoir été décidée davantage sur des critères humanitaires que sur des critères politiques : détenue à l’isolement, condamnée à la plus longue peine de prison jamais prononcée pour un lanceur d’alerte, Chelsea Manning a tenté à deux reprises de se suicider cette année.

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